Rapport d’atelier des auditeurs et auditrices de la promotion Hubert Reeves, cycle national 2024 « Agir sur la transition écologique : responsabilités, obstacles, leviers ».
Dans ce rapport « Jeu et fiction pour responsabiliser autrement ? », nous avons examiné comment ces deux vecteurs peuvent être utilisés pour sensibiliser et engager face aux défis de la transition écologique. Nous nous sommes appuyés sur une série d’ateliers durant lesquels nous avons exploré à l’aide d’une série d’interventions d’experts le potentiel du jeu et de la fiction à mobiliser les individus et les collectifs.
Les jeux, notamment vidéo, et les récits fictionnels sont analysés pour leur capacité à immerger les participants dans des mondes imaginaires. Cette immersion favorise une prise de conscience des enjeux environnementaux en les confrontant à des situations virtuelles où leurs choix ont des conséquences visibles. L’aspect ludique permet d’explorer les comportements dans un cadre sécurisé, ce qui peut faciliter une meilleure compréhension des problématiques réelles et inciter à l’action. Le numérique, en renforçant l’interactivité, l’immersion et l’engagement, amplifie l’impact de ces expériences.
Cependant, nous avons également découvert et étudié les limites des jeux et de la fiction concernant la responsabilisation écologique. Un certain nombre de biais cognitifs, comme la difficulté à se projeter dans le long terme, les risques d’addiction ou de désensibilisation face aux récits dystopiques peuvent limiter leur efficacité. La répétition de scénarios catastrophiques peut même conduire à l’inaction, en provoquant une éco-anxiété paralysante. Le passage de la sensibilisation à la responsabilisation n’est donc pas garanti, surtout si ces outils ne sont pas accompagnés d’un cadre pédagogique et d’un débriefing adapté.
En synthèse, nous avons abordé les enjeux éthiques liés à l’utilisation des jeux et de la fiction comme outils de « soft power ». Nous avons voulu mettre un point de vigilance sur le fait que ces outils peuvent être utilisés pour des intérêts commerciaux ou politiques et influencent nos comportements, ce qui pose la question de leur régulation et de leur usage responsable.
Le jeu et la fiction possèdent donc un fort potentiel pour sensibiliser aux enjeux écologiques et encourager la réflexion sur de nouvelles alternatives. Toutefois, pour qu’ils conduisent à une responsabilisation réelle et durable, ils doivent être utilisés avec précaution, dans un cadre critique et réflexif. Il est important de comprendre que leur impact repose sur la manière dont ils sont intégrés à des stratégies plus larges de sensibilisation et de transformation collective.
Auditrices et auditeurs de l’atelier :
- Vincent ALBOUYS, Chef de projet – Athena X-IFU, Centre national d’études spatiales, Cnes
- Thierry BETMONT, Directeur technique délégué aux systèmes d’information, Thales
- Landry BOURGUIGNON, Inspecteur Pédagogique Régional en sciences et technologies industrielles, Académie de Toulouse, Éducation nationale
- Elli CHATZOPOULOU, Directrice du département des partenariats et des relations extérieures, Inserm
- Juliette DIBIE-BARTHÉLEMY, Chargée de l’emploi scientifique et responsable adjointe du département Développement RH, DRH, Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement, INRAE
- Anne JACOD, Chargée de projets de prospective et d’innovation, Ministère de l’Intérieur et des Outre-Mers – Direction générale de la Gendarmerie nationale
- Pascal LEBAUPIN, Délégué aux grands projets d’aménagement et au développement durable, Établissement public du palais de la Découverte et de la Cité des sciences et de l’industrie, Universcience
- Eric MARTINEAU, Député de la Sarthe – Assemblée nationale
- Zaïnil NIZARALY, Secrétaire général, Fédération de l’Équipement, de l’Environnement, des Transports et des Services – FORCE OUVRIÈRE
- Timothée SILVESTRE, Responsable prospective, Commissariat à l’Energie Atomique et aux énergies Alternatives
Animation de l’atelier :
Etienne Armand AMATO – enseignant-chercheur en Sciences de l’Information et de la Communication, Université Gustave Eiffel