Quand la sobriété pose la question du partage
Si l’eau a longtemps été considérée comme une ressource abondante, sa disponibilité est désormais largement impactée par le changement climatique, comme en témoignent notamment la raréfaction de l’eau douce dans certaines régions et les tensions de plus en plus nombreuses qui se font jour autour de ses usages. Et pour cause, comme l’explique Jean-Daniel RINAUDO, chercheur en socio-économie, BRGM, « l’eau se raréfiant, la concurrence entre ceux qui en ont besoin se durcit ».
Fort de ce constat, le gouvernement vise une réduction de 10% d’eau prélevée d’ici 2030 dans le cadre du Plan d’action pour une gestion résiliente et concertée de l’eau (cf. annexe 3). Présenté le 30 mars 2023, ce dernier poursuivra trois objectifs principaux : organiser la question de la sobriété des usages pour tous les acteurs; optimiser la disponibilité de la ressource; préserver la qualité de l’eau. « Cette trajectoire d’une diminution de 10% des prélèvements sera déclinée au plus près des territoires, au niveau des bassins hydrographiques, et sectorisée par usage », précise Marie LEHOUCK, cheffe de bureau Politique de l’eau, direction de l’Eau et de la Biodiversité, ministère de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires.
Au cœur de ce changement de paradigme, les modalités d’accès et de partage de la ressource entre les différents acteurs (cf. annexe 4), la gestion de l’eau et son assainissement, la sobriété des usages deviennent des enjeux majeurs, bien souvent sujets de controverses. À qui donner la priorité ? Est-ce à la puissance publique, parfois loin des réalités du terrain, d’organiser ce partage ? Faut-il s’appuyer sur les mécanismes de marché ou sur une gestion collective de cette ressource ? Quels sont les collectifs d’acteurs pertinents pour travailler sur ces sujets ? Telles sont quelques-unes des grandes questions autour desquelles s’organise aujourd’hui la controverse.
En première ligne pour piloter le changement de cap qui s’impose, les collectivités territoriales à l’interface de tous les acteurs (usagers, entreprises, associations, État, agriculteurs) sont donc aujourd’hui invitées à adopter des approches plus intégrées, systémiques et multi-acteurs pour co-construire des solutions adaptées à des réalités locales contrastées. Un défi au service duquel l’IHEST a décidé de proposer son expertise dans le cadre de son partenariat institutionnel avec la Banque des Territoires du Groupe Caisse des Dépôts. « C’est en effet pour nourrir cette réflexion et la décision des élus et des acteurs territoriaux publics et privés que l’IHEST a consacré aux mois de mai et juin 2023 un séminaire thématique dont nous vous proposons de découvrir la synthèse dans ce présent document », indique Catherine VEGLIO, chargée de l’activité territoriale à l’ IHEST.