Rapport d’atelier des auditeurs et auditrices de la promotion Hubert Reeves, cycle national 2024 « Agir sur la transition écologique : responsabilités, obstacles, leviers ».
Face à l’urgence climatique, les technologies de capture et de stockage du carbone (CCS) sont de plus en plus présentées comme une solution incontournable pour atteindre la neutralité carbone.
Les « technologies de captage et stockage du carbone » (le CCS) englobent un ensemble de solutions allant de la capture du carbone à la sortie des cheminées industrielles, à la capture directe du carbone dans l’air, en passant par des techniques utilisant la combustion de la biomasse. Ces technologies s’intègrent dans une chaîne de valeur complète comprenant la capture, le transport et le stockage du CO2.
Les puits naturels de carbone, notamment les forêts et les océans, ne permettant pas a priori de compenser le CO2 qui est émis, ces technologies sont en général présentées comme une évidence. Or, elles affichent des niveaux de maturité variables, et des incertitudes subsistent quant à leurs modèles économiques et au cadre réglementaire qui les régit. Si la capture du carbone directement à la source, là où il est émis, semble pertinente pour certains secteurs, en raison de la maturité de la technologie et de son faible coût énergétique, d’autres approches apparaissent plus incertaines et risquées.
Par ailleurs, comment garantir que l’essor de ces technologies n’incite pas au moindre effort dans le développement des puits naturels, encourage les industriels à éviter de réduire leurs émissions ou les consommateurs à ne pas diminuer leur consommation énergétique ? Ne faudrait-il pas limiter l’utilisation des CCS à une période temporaire, le temps de développer des technologies de décarbonation industrielle plus efficaces ?
Puisque le CCS semble devoir être réservé aux émissions résiduelles incompressibles, il est essentiel de définir clairement cette notion dans la législation.
L’utilisation des CCS soulève également des questions plus larges sur la gestion industrielle et démocratique du carbone. La gestion du carbone est l’affaire de tous ; et pourtant, les discussions autour des technologies CCS restent encore largement limitées aux experts. Il est donc crucial de mettre rapidement en place des espaces de dialogue, d’échange et de concertation sur ce sujet, afin de permettre un débat public plus large et transparent.
Auditrices et auditeurs de l’atelier :
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Laurent BARBIERI, Délégué Régional – CNRS Rhône Auvergne
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Lucile DELMAS, Directrice adjointe département ODE – IFREMER ;
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Rémi DURIEUX, Coordinateur scientifique – ADEME ;
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Olivier HIRT, Responsable du développement de la recherche – ENSCI Les Ateliers ;
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Catherine MALEK, Directrice Relations presse et Réseaux sociaux – SAFRAN ;
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Matthieu MARCHAL, Directeur recherche-action-création territoriale – Les Chaudronneries ;
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Arnaud MIAS, Professeur des universités – Université Paris Dauphine – PSL ;
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Béatrice NOËL, Cheffe de département Défis sociétaux et environnementaux – Ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche ;
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Elise ROY, Conseillère discours et relations avec les intellectuels – Secrétaire générale CFDT ;
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Marie VANDERMERSCH, Responsable projet Sciences humaines et sociales – CEA
Animation de l’atelier :
Laurent TESTOT, journaliste scientifique