Nous tentons ici de nous forger un avis sans a priori ni intérêt clandestin, aussi éclairé que possible, en essayant de séparer les faits des fantasmes, de repréciser le contexte actuel dans lequel se pose la question de l’exploration et de l’exploitation des gaz et des pétroles de schiste, et de souligner les relations entre les points de vue des différents acteurs de la politique, de l’industrie, de l’administration, des sciences et de la société civile.
La loi n° 2011-835 du 13 juillet 2011 interdit l’exploration et l’exploitation des mines d’hydrocarbures liquides ou gazeux par fracturation hydraulique. La loi établit également la création d’une Commission nationale d’orientation, de suivi et d’évaluation des techniques d’exploration et d’exploitation des hydrocarbures liquides et gazeux, avec pour objet l’évaluation des risques environnementaux liés à la fracturation hydraulique ou aux techniques alternatives. Cette commission doit également émettre un avis public sur les conditions de mise en œuvre des expérimentations, réalisées à des seules fins de recherche scientifique sous contrôle public. Si la composition de cette commission est définie, aucune personnalité n’a été nommée par les organismes concernés et elle ne s’est donc jamais réunie à ce jour.
En parallèle, la récente Conférence des Nations Unies sur le changement climatique (COP 21) qui a vu l’adoption du premier accord universel sur le climat visant « le maintien bien en dessous des 2°C et si possible de 1,5°C de la hausse des températures d’ici à la fin du siècle1», réaffirme l’impérieuse nécessité d’une transition énergétique afin de réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES). Cet objectif implique la mise en place d’un nouveau mix énergétique dans lequel le gaz naturel pourrait jouer un rôle, en se substituant au charbon, comme dans certains pays où de telles ressources ont été détectées.
La loi du 13 juillet 2011 a empêché le nécessaire débat public sur la question de l’exploitation des gaz de schiste en France et alimente ainsi une polémique nourrie d’un mélange de fantasmes et de réalités qui rend difficile la formulation de solutions rationnelles conciliant des intérêts d’ordre différent.
En France, la difficulté à débattre de sujets complexes pour arriver à un consensus est réelle, la raison y est souvent inaudible. Mais si les Français semblent ne plus faire confiance à leur personnel politique, aux journalistes, ni aux industriels, qui confisquent le discours, ils paraissent encore accorder un crédit aux scientifiques. Ces derniers, qu’ils soient du domaine des sciences de la nature, de l’ingénieur ou des sciences humaines et sociales, doivent être mis dans les conditions nécessaires pour pouvoir apporter une contribution la plus neutre possible basée sur des éléments rationnels permettant d’alimenter les débats, de favoriser l’investigation journalistique et la synthèse politique. Ce débat doit toutefois aussi tenir compte des valeurs et de l’imaginaire de la société civile. Sur ce dernier point, il est à noter que l’exploitation des gaz et pétroles de schiste aux Etats-Unis procède d’une économie pionnière, avec un front de puits en perpétuel déplacement, qui correspond bien à la mémoire historique de ce pays.
Nous tentons ici de nous forger un avis sans a priori ni intérêt clandestin, aussi éclairé que possible, en essayant de séparer les faits des fantasmes, de repréciser le contexte actuel dans lequel se pose la question de l’exploration et de l’exploitation des gaz et des pétroles de schiste, et de souligner les relations entre les points de vue des différents acteurs de la politique, de l’industrie, de l’administration, des sciences et de la société civile.
Animateur de l’atelier :
Philippe ROCHER, directeur du cabinet METROL
Auditrices et auditeurs de l’atelier :
- ALPERINE Serge, responsable expertise audit technique et innovation, Sagem, Groupe Safran
- AUDOUY Claude, chef de mission mini et micro satellites, Centre national d’études spatiales
- BEAUVAIS Marie-Hélène, directrice de cabinet du président, Centre national de la recherche scientifique
- BERTIN Philippe, gérant associé, OKAPI Conseil
- BOITIER Guillaume, délégué régional, Délégation régionale à la recherche et à la technologie – Basse-Normandie, Ministère de l’Education nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche
- BOUVIER D’YVOIRE Jean, chef de projet politique de sites et regroupements, Direction générale de l’Enseignement supérieur et de l’insertion professionnelle, Ministère de l’Education nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche
- CADIOU Jean-Charles, président exécutif et directeur général, Capacites
- DETANG-DESSENDRE Cécile, directrice de recherche, Centre de Dijon, Institut national de la recherche agronomique
- EALET Fabienne, chargée d’études à la Division recherche et développement, Etat-major du commandement des opérations spéciales, Ministère de la Défense
- GRONIGER-VOSS Eva-Maria, chef du service juridique, Organisation européenne pour la recherche nucléaire
- MARCUZZI Alain, directeur technique, Thales Communications et Security, Thales
- NOYER Jean-Louis, directeur adjoint, Département systèmes biologiques, Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement
- SERRANO Céline, adjointe au directeur général en charge du transfert, Direction générale déléguée au transfert et aux partenariats industriels, Institut national de recherche en informatique et automatique