Reconnaissance faciale, apprentissage des machines, assistants vocaux… On l’appelle la 4ème révolution industrielle : l’intelligence artificielle pourrait bien finir de propulser définitivement la Chine au rang de première puissance mondiale.
Tant sur le plan économique que militaire, elle pourrait dépasser les Etats-Unis dans les prochaines décennies. L’un des avantages majeurs des chinois sur les américains est l’accès à une réserve massive de données. Les désormais 800 millions d’internautes en Chine possèdent dans leur grande majorité des smartphones. Selon les experts, le pays a déjà trois fois plus de mobiles connectés à Internet que l’Amérique. Grâce à l’ubiquité d’Alipay et de Wechat Pay, les consommateurs chinois devraient avoir dépensé 8 trillions de dollars en 2017, soit 50 fois plus que les Américains ! Au-delà des données, le gouvernement de Pékin a lancé en juillet dernier un impressionnant « Plan de développement de l’intelligence artificielle pour la prochaine génération ».
L’objectif est fixé au secteur privé comme aux universités chinoises : en 2030, la Chine doit être le « premier centre d’innovation au monde ». Une perspective inquiétante pour la puissance militaire américaine qui fonde sa domination sur son avance high-tech : or la Chine est sur ses traces. L’intelligence artificielle va transformer les armes de guerre en créant de nouvelles capacités de commandement, d’entraînement et de déploiement des forces armées. Cette transformation façonnera le nouveau rapport des forces sur l’échiquier mondial. Cependant, il reste un défi à relever à la Chine : la pénurie de talents en matière d’intelligence artificielle. En mars dernier, le pays de Xi Jinping ne comptait que 50 000 experts contre 850 000 aux Etats-Unis. Or dans les prochaines années, selon le ministère de l’Industrie et des Technologies de l’Information, la Chine aura besoin de 5 millions de professionnels de l’intelligence artificielle si elle veut atteindre ses objectifs officiels.
Modérateur : Joris ZYLBERMAN, cofondateur et rédacteur en chef d’Asialyst.com
Avec
– Bertrand BRAUNSCHWEIG, directeur, centre de Saclay Ile-de-France, Institut national de recherche en informatique et automatique (INRIA)
– Charles THIBOUT, chercheur, Institut de Relations Internationales et Stratégiques (IRIS)