Rapport d’activité 2022 de l’IHEST

2022 est sans conteste l’année où la dynamique, lancée depuis quelques années et inscrite dans les orientations du Plan stratégique et les objectifs du contrat d’objectifs, s’affirme à l’IHEST ! 

Le cycle national, qui a résisté à deux années de Covid, remporte toujours la même adhésion depuis la création de l’institut. Nous l’avons consolidé. Dans sa diversité, avec des promotions qui rassemblent désormais deux tiers d’auditeurs d’entreprises, d’administrations, d’associations, d’institutions hors secteur de l’enseignement supérieur et de la recherche. En devenant certificateur d’une compétence jusque là inédite : «  utiliser la démarche scientifique dans la prise de décision ».  En inscrivant le cycle parmi les formations pionnières sur la question de la transition écologique en lançant, il y a 4 ans, le premier programme d’Etat sur le sujet : «Préparer les transitions : sciences, fictions, réalités ?». Aujourd’hui, cette formation à la transition écologique est devenue un impératif de politique publique puisque le Gouvernement a donné consigne de former tous les responsables du secteur public ! En 2022, le Conseil scientifique convie les auditeurs à étudier les ressorts et les atouts pour engager non plus la transition, mais le changement lui-même, la mise en œuvre des actions d’atténuation et d’adaptation.  Tel sera le sens du cycle conçu pour 2023 : « Individus, entreprises, territoires :  habitabilité de la Terre et nouveaux modèles de société ? ».  

Le réseau des auditeurs se mobilise, peu à peu, certains diront trop lentement, mais de façon sûre, permanente, efficace : une plateforme permet de recenser et rassembler toutes les promotions depuis 2007, l’institut implique les auditeurs volontaires dans des actions d’importance, et les auditeurs proposent des actions de mobilisation de leurs collègues. L’association des auditeurs de l’IHEST prend une nouvelle forme avec une équipe renouvelée et un programme de mobilisation.  

Les approches territoriales rencontrent un vrai succès et sont promises à un bel avenir pour peu que l’IHEST continue d’offrir en toute indépendance une approche sur mesure, co construite des questions des territoires, fondée sur la connaissance scientifique pluridisciplinaire, et une méthode coopérative de résolution des problèmes fondée sur l’intelligence collective, l’association des principaux acteurs, sans crainte de la controverse, sans souci d’étouffer a priori les oppositions. 

L’institut a gagné ses galons d’institut à dimension nationale en contribuant, avec les autres organismes publics de l’Etat, à la réflexion lancée par le nouvel institut national du service public – remplaçant l’Ecole nationale d’administration, sur la formation continue des cadres supérieurs de l’Etat. Les sciences sont une constante de la réflexion de l’INSP et de ses partenaires, notamment pour la formation des cadres à la transition écologique, et la capacité de l’IHEST à s’adresser aux scientifiques de toutes disciplines, et à concevoir des programmes pédagogiques incluant les scientifiques et l’expérience des personnes en formation apparaît incontournable dans le dispositif. 

Cette habilité de l’institut à allier connaissances pluridisciplinaires au meilleur niveau scientifique, travail coopératif en intelligence collective a également été testées dans des modules de formation courts (un à 2 jours), co élaborés avec nos commanditaires. Les séminaires de ce type sont nécessairement appelés à se développer, vers les élus, vers les entreprises, et également vers les services publics. 

Interdisciplinaire, interministériel, adaptable aux demandes, agile, indépendant dans ses approches, tout en contribuant totalement à la politique de l’Etat, tel est désormais l’IHEST. La  pépite du Ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche a mué et possède l’étoffe pour devenir est un bel instrument pour la nation au service de la science et de tous ses enseignements… Car la conclusion de Condorcet dans son discours à l’Assemblée nationale en cette fin de XVIIIème siècle (du 20 avril 1792) reste hélas d’actualité au début du XXIème :  

« Il viendra, sans doute, un temps où …  toutes les sciences et toutes les applications des sciences seront également délivrées du joug de toutes les superstitions et du poison des fausses doctrines ; où chaque homme, enfin, trouvera dans ses propres connaissances, dans la rectitude de son esprit, des armes suffisantes pour repousser toutes les ruses de la charlatanerie : mais ce temps est encore éloigné ; notre objet devait être d’en préparer, d’en accélérer l’époque. »

Sylvane CASADEMONT

L’IHEST a pour vocation de sensibiliser le plus grand nombre possible de décideurs de la société civile à la démarche scientifique. Nos auditeurs sont issus du milieu académique, de l’industrie, des associations, de la communication, de la presse, du conseil. Dans l’entreprise, ils sont au voisinage des RH, de la R&D, du développement durable et de la RSE, Dans le milieu académique ils sont
directeurs de laboratoires, responsables recherche et formation, directeurs délégués à l’administration de la recherche. La vocation de l’Institut est de faire comprendre
comment la démarche scientifique peut éclairer la prise de décision à l’orée des enjeux actuels.

Lorsque j’ai pris mes fonctions il a 4 ans, il s’agissait d’aider les décideurs à se préparer à une période de transition et à ses enjeux en matière de santé, d’environnement, politique, démographique, dans les rapports vie professionnelle et personnelle, dans le lien avec les citoyens… Autant d’enjeux qui impliquent de la réflexion sans trop d’a priori.
Cette vocation, et c’est le second point important, ne peut s’exercer que si elle s’appuie sur une conviction. Celle que la méthode employée par les scientifiques dans la recherche, qui consiste à progresser d’abord
dans un environnement où l’on sait peu avec certitude, puis à amasser suffisamment d’informations, à faire le tour des enjeux… est plus que jamais instructive et
nécessaire. Elle est à l’opposé d’une démarche uniquement scientiste, qui consiste à trouver la solution miracle.
Il faut au contraire prendre en compte les différentes approches, sociologiques, philosophiques, historiques, anthropologiques pour une réflexion globale. Il n’est en aucun cas question de résoudre un problème mais de dire :
« Voilà comment on regarde les faits ». Une telle démarche est certes plus difficile à appréhender, mais elle permet cette réflexion globale indispensable. Elle est le principe même des cycles nationaux de formation de l’IHEST sur les sujets de transition avec l’aide du conseil scientifique.Deux volets lui sont associés. Le plus avancé concerne les territoires. Les évolutions y sont plus rapides, avec des impacts locaux forts. L’IHEST a d’ores et déjà noué d’excellents contacts avec les territoires dans le Nord, l’Est,
l’Aquitaine, ou la Bretagne.
Les voyages à l’étranger et les interactions qu’ils permettent constituent un autre point essentiel à renforcer. Avant de réinventer la poudre, regardons les démarches engagées hors de nos frontières et les perspectives qu’elles ouvrent. La gestion de l’eau au Sénégal par exemple, représente une problématique locale vitale qui peut intéresser certaines de nos régions.
Dans nos promotions précédentes, nous avions un regret, le trop petit nombre d’auditeurs du monde de l’entreprise. Nous avons travaillé selon le principe de la méthode scientifique, par essai. Depuis cette année, nous avons
changé le cycle des formations nationales et avons aligné le cycle , non plus sur le calendrier académique mais sur l’année civile. Le cycle se déroule sur les six premiers mois de l’année, avec un séminaire de fin d’année permettant d’intégrer les promotions dans le réseau des auditeurs.
Ce calendrier est beaucoup plus adapté au temps de l’entreprise. Nous verrons s’il porte ses fruits. Si c’est le cas, nous avons l’ambition de proposer deux cycles par an. Mais auparavant, nous ferons un retour d’expérience, et un bilan.

Jean-François Pinton, président de l’IHEST