Rapport du réseau Prosper – Confiance entre société et science

​Le réseau Prosper vient de publier une étude prospective  «Confiance entre société et science – Quelles évolutions dans leurs relations de réciprocité dans les prochaines décennies ? » conduite entre 2020 et 2022.

Plusieurs auditrices, auditeurs et membre de l’équipe de l’IHEST ont participé à cette étude prospective qui porte un regard riche, étayée par une abondante bibliographie sur les relations entre science et société grâce à la construction de six scénarios prospectifs. 

Les moteurs de la confiance

« Une confiance réciproque entre la communauté scientifique (« la science ») et tous les autres acteurs de la société apparaît fondamentale pour que la science contribue à relever les défis sociétaux, mieux comprendre le monde et préparer l’avenir. L’ampleur et la rapidité des évolutions contemporaines bouleversent les repères et les valeurs de la société. Les résultats produits par la science suscitent à la fois attentes et rejets, admiration et doutes. Mise à l’épreuve dans un monde hypermédiatisé et interconnecté, la confiance d’une partie de la société en la science s’érode. Plus que jamais, la démarche et l’action scientifiques ont besoin d’être comprises, les processus et productions de la recherche ouverts lorsque c’est possible, les résultats largement appropriés et les bénéfices démontrés.
Face à ce constat, le réseau PROSPER a analysé les moteurs de la confiance entre la société et la science, et vice-versa. Cette confiance est le résultat d’une relation de réciprocité entre des personnes ou des collectifs de personnes, qualifiés par la suite d’acteurs, scientifiques et non scientifiques, issus des sphères publique et privée. Au cœur de cette relation, le gage de la confiance est « la vérité scientifique » entendue ici comme l’exactitude scientifique des faits, la justesse des normes de la véracité, l’entretien du doute scientifique, et l’authenticité expressive des acteurs. Cette réciprocité qui conditionne la confiance ne s’appréciera qu’à l’aune de la satisfaction des attentes légitimes des acteurs et du respect de leurs engagements dans le portage de cette vérité scientifique. »

Six scénarios prospectifs ont été élaborés

1. CONFIANCE PRAGMATIQUE MAIS LIMITÉE, SOUS DÉPENDANCE DES GÉANTS DU NUMÉRIQUE
2. SOCIÉTÉ MÉFIANTE, DÉBOUSSOLÉE PAR LA DISPARITÉ DES DISCOURS
3. CONFIANCE RÉCIPROQUE FONDÉE SUR UNE COLLABORATION FRUCTUEUSE AU SERVICE DES COMMUNS
4. SOCIÉTÉ MÉFIANTE VIS-À-VIS D’UNE SCIENCE INFÉODÉE AU POLITIQUE
5. DIALOGUE CONFIANT À L’ÉCHELLE RÉGIONALE, MAIS OUVERTURE À LA PLURALITÉ DE VALEURS D’UN MONDE MULTIPOLAIRE
6. DÉCLIN DE LA CONFIANCE DANS UN MONDE ÉCLATÉ

« Les six scénarios de futurs possibles soulignent une importante diversité des attentes de la part des scientifiques et des autres acteurs de la société. Cependant, des lignes de force ressortent qui permettent de mettre en exergue des attentes prioritaires. Pour chacune de ces attentes, des engagements ont été identifiés. Ainsi, pour renforcer la confiance entre la science et la société, il est indispensable que les engagements de la science répondent aux attentes de la société et réciproquement. Le groupe fait donc deux recommandations communes aux acteurs de la science et de la société pour répondre à leurs attentes, six recommandations aux acteurs de la science et deux recommandations aux autres acteurs de la société. »

Dix recommandations

AUX ACTEURS DE LA SCIENCE ET DE LA SOCIÉTÉ : CO-CONSTRUIRE LES CONNAISSANCES
ET LES INNOVATIONS

• Définir ensemble les priorités
• Co-produire des connaissances et de la valeur (économique ou non économique) au bénéfice de tous, avec une diversité d’acteurs considérés comme de véritables collaborateurs, à tous les stades du processus de recherche

AUX ACTEURS DE LA SCIENCE : RÉPONDRE AUX ATTENTES DE LA SOCIÉTÉ

• Pratiquer des approches interdisciplinaires et trans- disciplinaires, la prospective et l’éthique pour réconcilier l’urgence et le temps long
• Développer et professionnaliser la médiation scientifique au sein des institutions
• Développer des recherches sur les outils et méthodes d’influence
• Valoriser le journalisme scientifique
• Avoir davantage de scientifiques parmi les poli- tiques et les impliquer dans la co-construction des programmes de recherche
• Chercher à s’approcher de la « vérité » en prenant en compte le doute scientifique, la diversité des savoirs, des cultures et des expressions locales ou régionales.

AUX ACTEURS DE LA SOCIÉTÉ : RÉPONDRE AUX ATTENTES DES ACTEURS DE LA SCIENCE

• Promouvoir la formation à l’esprit scientifique et au débat en prenant en compte la diversité des personnes
• Inventer de nouveaux modes de gouvernance et de financement de la recherche

Rédigée avec une grande clarté, sans jargon, l’étude définit de façon simple et précise les termes employés. « Confiance », « système », « science », « scientifique », « expert », « société », « chercheurs », « société civile », etc les auteurs  explicitent sans ambigüité le sens qu’ils donnent à toutes les notions sur lesquelles reposent les réflexions, les scénarios, et les recommandations du groupe.

Le résumé en quatre pages de l’étude est joint à cet article  et l’étude complète est accessible sur HAL :

Marie de Lattre-Gasquet, Emmanuelle Jannès-Ober, Denis Lacroix, Antoine Guigon, Anne Jacod, et al.. Confiance entre société et science – Quelles évolutions dans leurs relations de réciprocité dans les prochaines décennies ? : Rapport du groupe de travail PROSPER. Réseau PROSPER. 2023. ⟨hal-04452255⟩

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